samedi 10 novembre 2007

L’Europe des nazis qui s’ignorent


L’Europe des nazis qui s’ignorent : Eva Herman sous embargo
Par Inge Blass
Du délit d’opinion au crime de la pensée. En Allemagne, une icône du petit écran, la journaliste Eva Herman, vient de tomber dans les filets de l’inquisition… Depuis plus d’un mois, elle fait les gros titres de la presse outre-rhin qui l’affuble du surnom d’Eva Braun Herman ! Eva Braun, on connaît… Mais, Eva Herman, qui est-ce ? Eh bien, plus ou moins, l’équivalent en notoriété d’une Claire Chazal. Mais à la différence de cette dernière, elle a fait la faute d’utiliser son « temps de cerveau disponible » pour penser par elle-même. Ce qui, dans les mass médias européens, généralement ne pardonne pas. De plus, à voix haute ! Eva Herman a été congédiée séance tenante par son employeur, la télévision d’état NDR (Nord Deutsche Rundfunk) ; «ses activités d’écrivain (sic) n’étant désormais plus compatibles avec ses fonctions de présentatrice.» C’est en ces termes laconiques que le 9 septembre 2007 une des personnalités les plus appréciées du téléspectateur germanique fut virée sous les applaudissements serviles de la nomenclature médiatico-politique.Eva Herman a en effet publié deux livres, non traduits en français, consacrés à la politique de la famille et au rôle de la femme. En été 2006 paraissait «Das Eva-Prinzip» qui rencontra un beau succès de librairie et, au début de cet automne, «Das Prinzip Arche Noah» (Pendo-Verlag), très critique envers la conception hédoniste des valeurs sociétales prônées depuis 1968, où sous prétexte d’émancipation, on aliène ; au nom de la liberté individuelle, on emprisonne collectivement. Tout ça avec du bon sens, du tact, de la mesure… Loin d’un quelconque paradigme subversif. Elle fut pourtant attaquée avec violence par la presse dite de gauche et celle dite de droite observa une réserve suspicieuse. Apparemment, pas de quoi fouetter un chat ! C’était quand même pas du Beketch, du Dieudonné, du Brigneau ou du Soral… Bien loin s’en faut. Surtout qu’elle prenait le soin de manifester avec virulence son opposition à toute forme de nationalisme. Mais, voilà …Au cours d’une émission radiophonique à RTL de 30 minutes pour la promotion de son dernier bouquin, elle prononça une phrase de 10 secondes dont quelques bribes, soigneusement recollées et isolées de leur contexte, firent l’effet d’une bombe : «les valeurs de la famille, de l’enfant, de la présence maternelle […] encouragées par le IIIe Reich […] ont finalement été laminées par les soixante-huitards ». Toutes ses assertions qui encadrent cette réponse, condamnant catégoriquement le régime nazi, témoignant de sa sensibilité pour les questions sociales, de sa profonde aversion pour l’extrême droite, voire de son combat contre elle (gegen Rechts) sont balayées. Anticipant une condamnation du Zentralrat der Juden in Deutschland (le CRIF allemand), le pogrom médiatique pouvait alors commencer.Elle était prise au piège. Et, aussi avisée que fût sa bonne foi, elle ne s’en sortirait pas. Elle eut beau souligner son engagement contre les «idées nauséabondes», présenter ses excuses - « si j’ai pu blesser une personne ou un groupe de personnes en raison de son appartenance» - conformément au dogme (en l’occurrence le paragraphe 130 de la loi fédérale, une espèce de mélange entre ces lois Pleven, Perben et Fabius-Gayssot qui ont désormais leurs corollaires dans toute l’Union européenne), allant même jusqu’à révéler avoir «dénoncé un chauffeur de taxi qui avait tenu des propos racistes à l’encontre d’une de ses collègues juives» et s’entretenir très souvent avec sa grand-mère de «damals » («autrefois», le pudique terme allemand consacré pour évoquer le IIIe Reich) en lui demandant «sans relâche comment ça avait été possible» : rien n’y fit. Avaler des couleuvres, courber l’échine ne suffisent pas. Des fois qu’on vomisse les premières, des fois qu’on redresse la seconde, hein ! Du Spiegel au Welt ; du Taz au Bild : haro ! Une meute la traquait, empressée de la voir crever en direct. Eva Herman, elle, estimant qu’elle en avait fait assez dans la justification repentante, s’arrêta de courir et fit face. Elle porta plainte pour licenciement abusif contre la chaîne NDR. Persuadée de son bon droit à poser des questions de fond sur le dysfonctionnement de notre société, Eva Herman continue depuis à défendre avec panache et rectitude une conception de la famille qui lui attire désormais le soutien des mouvements nationaux - NPD (National Deutscher Partei) qui a le vent en poupe, de la vieille DVU (Deutsche Volksunion) ou du nouvellement créé Zentrum Partei hambourgeois. Soutien que, pour le moment, elle s’évertue à rejeter catégoriquement, menaçant même de poursuites judiciaires les organisations qui manifesteraient en sa faveur. Refusant de se laisser acculer dans un débat sur l’histoire de son pays, elle répète inlassablement se focaliser uniquement sur la problématique familiale. Pourtant, pas un seul éditorialiste de la presse aux ordres ne lui en sait gré : par le biais de la question familiale, elle fait le jeu de la nation. En Allemagne, encore plus qu’ailleurs, celui de tous les tabous. En conséquence, s’acharner contre elle n’est pas un droit, mais un devoir démocratique. Attention ! Sans braquer l’opinion publique. Il fallait donc lui laisser du mou, écarter les rabatteurs trop sauvages, organiser la curée avec pédagogie… Un magazine de la ZDF (Zweites Deutsches Fernsehen) du mardi 11 octobre illustre parfaitement cette méthode ordinaire de diabolisation. Animée par un ancien commentateur sportif, bonne serpillière du système, néanmoins de «ses amis», Eva Herman y fut confrontée sur le ton de la camaraderie tutoyeuse à trois personnalités avec un indice de popularité comparable au sien. Au prétexte de lui «donner une chance» , l’objectif de cette réunion hypocrite se révélait double. Qu’elle prenne conscience, d’une part, que sa conception de la famille se rapporte à une période «sombre et révolue», et, de l’autre, qu’elle exprime conséquemment des regrets sincères pour sa philosophie négatrice «des droits de l’homme et de la femme dans notre démocratie». Cette leçon de morale aux allures de débat collégial, cette coercition plus ou moins douce, faussement complice, allait bien vite être battue en brèche par l’arrivée d’un invité surprise. Précisément mis en scène en retrait du plateau, au premier rang du public, tel un procureur dans un tribunal populaire, il s’agissait d’un professeur de l’Université de Berlin, «éminent spécialiste de la seconde guerre mondiale». Rien que ça. Eva Herman haussa les sourcils d’étonnement, en reprochant à l’animateur de l’attirer sur un terrain chausse-trappes qu’elle ne voulait pas fréquenter. Qu’importe… A chacune de ses interventions, le fonctionnaire de l’histoire officielle, en vrai notable du prêt-à-penser, tenta de démontrer que non seulement les concepts, mais également le vocabulaire employés par «Frau Herman» - qui avait d’ailleurs fait l’objet de son dernier cours à la faculté- étaient caractéristiques de l’idéologie nazie. Par exemple, ce mot de «Gleichschaltung» (uniformisation, synchronisme) qu’elle utilise pour qualifier l’attitude de «l’establishment politico-médiatique» à son égard en l’opposant aux «honnêtes gens du dehors qui, par chance, pensent autrement» était typique de l’argumentation du régime d’Adolf Hitler. Ce Professor l’accusa même d’être une adepte du «KKK» (Küche, Kinder, Kirche / Cuisine, Enfant, Eglise). Mais, oublieux de ce qu’il ne s’adressait pas à de jeunes étudiants manipulables à merci, s’attira finalement le conseil d’une Eva Herman admirable de sang froid, quoiqu’un peu choquée, d’avoir à stopper net sa diffamation sous peine de poursuites judiciaires. La fameuse expérience de Milgram visant à déterminer le niveau d’obéissance par rapport à une autorité légitime se terminait ainsi en queue de poisson.N’empêche que le modérateur, enchaînant la détente et le bon copain, en rajouta une couche en lisant deux courtes phrases assez passe-partout, cependant « étrangement semblables », concernant l’émancipation des femmes : «La première est de toi et la seconde d’Alfred Rosenberg, l’idéologue en chef du national-socialisme. Eva, le savais-tu ?» Non ! Bien sûr que non ! Elle n’avoue pas, rien à expier.Au contraire, avec un calme iphigénique, elle éparpilla au cours de cette séquence quelques réflexions ingénues qui, dès le lendemain, relancèrent de plus belle la polémique dans l’espace germanophone : «On ne peut pas s’interroger honnêtement sur l’histoire de notre pays sans se mettre en danger […] Si des autoroutes ont été construites autrefois [damals] est-ce que ça a un sens de les ignorer alors qu’on roule dessus aujourd’hui ?». Là, c’en était trop, même le comique de service en avait des soupirs hystériques. Les deux autres personnages sur le retour, la comédienne «autrichienne» Sentha Berger et l’ex-animatrice «hollandaise» Shreinemarkers (évincée de la télé, elle, pour fraude fiscale) s’essoufflèrent d’indignation dans un style dangereusement cardiaque. Eva Herman fut exclue du plateau. Grâce à elle cette émission d’ordinaire fadasse enregistra un taux d’audience record.
Moi, à la place des journaleux consensuels, je me serais plutôt interrogé sur deux locutions pleines de justesse d’Eva Herman : «Les classes moyennes sont exagérément imposées pour financer l’immigration, alors qu’elles ne peuvent même pas éduquer correctement leurs propres enfants» ; «Il ne s’agit pas d’apporter seulement de petites améliorations à la démocratie, quand nous sommes en train de mourir [am aussterben]…». Ils n’auront certes pas le courage de s’en emparer, car ces thématiques cruciales concernent l’avenir de l’Europe et remettraient inévitablement en cause les fondements de notre théologie démocratique comme vecteur de planétarisation téléologique. Non ! Les gardiens du temple se servent du passé comme d’un leurre, à fustiger inlassablement, pour mieux occulter les maux de notre époque. Peut-être, que d’un scandale sous respiration artificielle, en naîtra un autre, à l’air libre.Nous en rapprochons nous ? A en croire un sondage de l’Institut Forsa pour l’hebdomadaire Stern du jeudi 18 octobre, oui ! Puisqu’un quart des Allemands juge que la politique hitlérienne a également eu des aspects positifs. Patatras ! Ces résultats ont immédiatement provoqué «la colère» et le «dégoût» du vice-président du Zentral Rat der Juden, Dieter Grauman qui appelle la classe politique à en faire encore davantage pour lutter contre l’extrême-droite. Appel reçu 5 sur 5, comme d’habitude. Les politiciens, les conservateurs bien sûr en première ligne, se battent à qui mieux mieux pour condamner les propos d’Eva Herman. Même son éditeur vient de la lâcher. Le seul personnage public de premier plan à ne pas la renier est l’Archevêque de Cologne, le Cardinal Joachim Meissner. Faut dire que Son Eminence est aussi un honnête homme qui ne mâche pas ses mots. Entre autres prises de positions en faveur du droit naturel, il vient de conseiller aux responsables de la CDU (Union Démocrate Chrétienne), de supprimer le «C» dans leur sigle, au motif que le parti d’Angela Merkel s’aligne sur les orientations du «planning familial» (avortement). Il est vrai que dans cette Allemagne qui vit intensément sous le copyright de Nuremberg - et ceci de façon toujours curieusement redoublée au fur et à mesure que le spectre de la seconde guerre s’éloigne- les citoyens dès l’école primaire sont soumis à un lavage de cerveau intensif : autoroutes construites uniquement pour faciliter l’invasion des pays frontaliers et mères de famille exclusivement reproductrices de nourrissons casqués prêts à l’emploi de guerre … Entre autres mythes saugrenus. Le pouvoir des mots ne s’exerce que sur ceux qui ont été disposés à les entendre et à les écouter, bref à les croire. Et le phénomène inquiétant pour l’inquisition ploutocratique, c’est que le peuple s’identifie à une Eva Herman dont chaque pas, quelle qu’en soit la dignité, la rapproche un peu plus d’un bûcher préprogrammé. A moins qu’elle finisse par accepter les encouragements –d’où qu’ils proviennent- des dizaines de milliers de ses compatriotes qui s’enflamment pour elle dans les bistrots, les fora, les courriers de lecteurs… Maintenant que ses yeux commencent à se dessiller, qu’elle les ouvre donc jusqu’au bout ! Elle y verra peut-être la vingtaine de milliers de condamnés européens pour délit d’opinion, parfois très lourdement. Sans parler de la grande masse de ceux qui, comme elle, mais anonymement et en coulisses, ont perdu leur travail pour avoir osé rompre le silence et, pire, ceux qui n’en trouveront jamais pour la même raison. L’étau qui se resserre ne concerne pas que les têtes d’affiches, mais ces dernières le rendent plus visibles, à conditions qu’elles n’aient pas un fascisme de retard. Courage Eva ! En plus, elle a de la gueule – alors, vive la sorcière ! A bas les bourreaux !
media-consult 2007 – correction AvR

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour, si à propos de la servilité sous le IIIè et de la rancoeur paroxismique sous le IIIè reich elle demande à sa grand-mère «sans relâche comment ça avait été possible», eh bien je crois qu'elle maintenant es éléments concrets pour le comprendre. La masse des bourrins d'aujourd'hui n'est pas plus délicat que l masse des moutons d'hier, ou/où vice versa.

Car aujourd'hui, la servilité opère (pensée unique) et la rancoeur s'accumule (confiscation communautarisée). "Bon courage Mme Braun, l'histoire du monde n'est pas qu'une succession de hasards, vous le saurez maintenant."

Anonyme a dit…

Bonjour, si à propos de la servilité sous le IIIè reich et de la rancoeur paroxismique sous le IIIè reich elle demande à sa grand-mère «sans relâche comment ça avait été possible», eh bien je crois qu'elle a maintenant les éléments concrets pour le comprendre. La masse des bourrins opportunistes d'aujourd'hui n'est pas plus délicate que la masse des moutons désinformés d'hier, ou/où vice versa.

Car aujourd'hui, la servilité opère (pensée unique) et la rancoeur s'accumule (confiscation communautarisée). "Bon courage Mme Braun, l'histoire du monde n'est pas qu'une succession de hasards, vous le saurez maintenant."