samedi 17 novembre 2007

Election sur fond de Crime Organisé.


Election sur fond de Crime Organisé.
[Tim Carr - IES News Service - Chicago - 13/11/2007 - Trad. Grégoire Seither]

A moins d’un soudain revirement dans les sondages, nous allons droit à une situation électorale extraordinaire dans l’histoire de notre pays : pour la première fois nous aurons à choisir entre deux candidats présidentiels qui sont directement liés au crime organisé.

Bien sûr, nous avons eu de par le passé des candidats qui étaient étroitement liés à la maffia. Harry Truman a construit sa carrière dans les couloirs corrompus de la mairie de Kansas City; Lyndon Johnson était un expert dans le trucage des élections et l’achat de voix, et plus personne ne nie aujourd’hui que John F Kennedy est arrivé à la Maison Blanche parce que son papa était un partenaire influent de la Mafia et des syndicats véreux.
Mais jusqu’à présent, dans tous les cas énoncés ci-dessus, on pouvait s’attendre à ce que le candidat mette ses amitiés criminelles en veilleuse une fois élu. Et dans la grande majorité des président, cela a été le cas… mis à part quelques petits cadeaux de remerciement ici et là, des amnisties providentielles… et bien sùr les bévues historiques de JFK qui avait utilisé la maffia pour soutenir sa désastreuse politique vis-à-vis de Cuba ou encore LBJ qui avait donné un sérieux coup de pouce aux trafiquants d’héroine en échange d’un soutien à sa désastreuse politique en Asie du Sud-Est.

Toutes les administrations américaines depuis Kennedy - a l’exception notable de Jimmy Carter et Gerald Ford - ont été étroitement liées aux activités du crime organisé.
Mais ce que nous voyons aujourd’hui est pire. Grâce à des présidents comme Bill Clinton et George W. Bush, l’influence de la maffia sur la politique de ce pays n’est plus une exception soigneusement dissimulée, c’est devenu quelque chose de communément accepté, presque normal, que la presse ne se donne même plus la peine de mentionner.
Et c’est comme cela qu’on en arrive à ce que les deux candidats concourant pour la Maison Blanche soient tous les deux corrompus jusqu’à la moelle.

Vous ne me croyez pas ? Prenez le récent exemple de Bernie Kerik, reconnu coupable de fraude fiscale, escroquerie, violation de la vie privée…. et pourtant tant Rudy Giuliani que Hillary Clinton ont soutenu à plusieurs reprises la candidature de Bernie Kerick au poste de directeur de la sécurité nationale. C’est à dire que cela ne les dérange pas de confier notre sécurité à un truand .
A une époque un tel scénario aurait été de la pure fiction pour mauvais film policier… et il aurait fait hurler toute la presse. Aujourd’hui c’est devenu tellement normal que les journaux en parlent à la page 15, dans un bas de colonne.

Vous ne me croyez toujours pas ?

Alors demandez vous quel autre candidat Démocrate ou Républicain est issu d’une famille de mafieux (comme Giuliani) ou est marié (comme Hillary Clinton) avec un homme qui a été élevé par un éminent membre de la Mafia de New Orleans (information confirmée par le FBI et la justice) ?
Quel autre candidat a une belle-mère qui s’affichait publiquement comme la maitresse de plusieurs gros bonnets de la mafia des jeux de Hot Springs ?
Quel autre candidat (comme c’est le cas des deux Clinton) a parmi ses associés d’affaires et amis personnels un grand nombre d’escrocs recherchés par la police, comme Jim McDougal, Dan Lasater, Webster Hubbell et Peter Paul ?

Quel candidat autre que Hillary Clinton s’affiche publiquement avec un “très bon ami” qui est un traffiquant de drogue condamné par la justice… comme par exemple Dan Lasater, qui faisait commerce de cocaine ?
Que autre candidat mis à part Hillary Clinton compte parmi ses “amis intimes” une personne comme Rich - qui a été pendant 20 ans sur la liste des personnes les plus recherchées du FBI avant que le mari de la candidate ne le gracie ?

Bien sûr, il y a de nombreuses voix qui s’élèvent pour passer l’éponge. Les arguments sont variés :
Cela s’est passé il y a très longtemps et les choses ont changé.
On n’est pas responsable de sa famille et les candidats ont clairement démontré qu’ils ne partageaient pas ces valeurs.

Ces personnes ont fait suffisamment de bien pour qu’on passe l’éponge sur ces taches dans leur CV.
Il n’y a pas de meilleure alternative.

Aucune de ces raisons ne s’applique à Giuliani ou Clinton. Il n’y a aucun élément - à moins d’avoir une conviction politique quasi religieuse - qui permette de dire que ces candidat sont plus moraux, sages ou politiquement novateurs que leur concurrents qui n’ont pas été retenus dans la course à l’investiture. Au contraire, Howard et McCain ont chacun une stature morale et intègre mille fois supérieure… même s’ils ne sont pas propres à 100 % non plus.

Et il n’y a pas le moindre signe permettant de dire que, entre temps, les candidats ont appris la leçon et ont fait amende honorable.

Bien sûr, si vous êtes le directeur d’un hedge fund, d’une multinationale ou - pour une raison ou une autre - vous cherchez un candidat qui sera sensible à vos arguments (s’ils sont emballés dans des liasses de dollars)… Giuliani et Clinton sont de toute évidence les candidats qi’il vous faut.
Ce sont les deux candidats qui ont le plus apporté la preuve de leur capacité à se faire manipuler par des malfaiteurs rusés.

C’est cela la politique pratiquée par la mafia. Elle ne soutient pas le meilleur candidat, elle soutient le candidat qui se laisse le plus facilement acheter.

C’est pour cela que c’est aussi couteux pour le contribuable de rejeter le finacement public des campagnes politiques : nous payons bien plus cher aujourd’hui ces campagnes que si nous les financions avec l’argent public. C’est juste que la facture nous parvient après les élections, quand les grands contributeurs électoraux viennent réclammer leur dû et rappeler sa dette à “leur’” candidat.

Il est malheureux de constater que la presse et les médias - tant pour des raisons de confort que de lâcheté - se laisse prendre dans ce genre de racket et jette pudiquement et poliment un voile sur des pratiques qui étaient jadis associées aux pires bandes de gangster. Les journalistes et les éditoriaux poussent des cris d’orfraie chaque fois qu’on mentionne que cette élection n’est peut être pas si démocratique que l’image d’Epinal veut nous le faire croire.
La campagne électorale américaine est un mensonge, une farce sinistre qui se joue aux dépens du public de ce pays. Et celle qui nous arrive, en 2008, s’annonce comme une des plus “maffiosi” de l’histoire de notre pays.

http://libertesinternets.wordpress.com/

L'idée de race a envahi la société française d'aujourd'hui



Discriminations à l’emploi, au logement, ministère de l’immigration et de l’identité nationale, discours de Dakar, rafles contre les sans-papier, incarcérations d’enfants d’immigrés clandestins, contrôles d’identité au faciès, amalgames entre délinquance, fraude et look d’étranger non européen, tests ADN, gaffe présidentielle assimilant Condoleeza Rice à une immigrée parce qu’elle est noire.

Et aujourd’hui sort un rapport de l’ONU dénonçant les graves dérives de la France et de son administration. Il y a en France un contexte de racisme larvé qui touche tous les niveaux de la société. A partir du moment où l’état et ses dirigeants montrent qu’ils ne sont pas insensibles à des clichés racialistes pour se faire une idée et définir des décisions à propos de certains problèmes du pays, c’est toute la nation qui est « contaminée ».

Qu’il est loin le temps où un étranger pouvait siéger au parlement français ! La révolution française avait aussi permis cela…


Racialisme ou racisme ?

J’ai dit « racialiste » car, pour beaucoup de gens, soit on est raciste, soit on ne l’est pas ; soit on adhère à l’idée ou au sentiment d’une hiérarchie des races, soit on est foncièrement contre ce genre d’échelle de valeurs.
En fait, on peut très bien être anti-raciste et utiliser des clichés basés sur une religion, une origine ou une couleur de peau ; ou encore, on peut très bien récuser l’idée d’une hiérarchie des races tout en admettant que l’idée même de race existe et constitue un facteur qui influence les comportements, les coutumes, les capacités de ses membres.

Ainsi, les noirs seraient de meilleurs coureurs et auraient le rythme dans la peau, les asiatiques se montreraient plus travailleurs et plus rigoureux, les européens plus conquérants et les juifs plus habiles. Vous voyez bien que les clichés ne sont pas toujours négatifs. Ils ne datent pas d’aujourd’hui. Déjà Ernest Renan et d’autres utilisaient ce type d’arguments pour justifier une hiérarchie. Tout comme l’idée d’espèce animale, l’idée de race s’est imposée à ces intellectuels du 19ème siècle et inévitablement, l’idée d’une hiérarchie.
Se baser sur un critère racial pour comprendre ou juger quelqu’un, c’est être racialiste. C’est une nuance importante mais qui ne dédouane en rien ceux qui se défendent d’être raciste tout en invoquant des critères raciaux car ce racialisme est l’antichambre du racisme.


Où en est la discrimination positive chère au président ?

Sarkozy a choisi des ministres «issus de la diversité » par discrimination positive, il se base donc sur un critère racialiste pour se donner une image de tolérance et de modernité. Juste une petite image, bien petite mais si souvent montrée...On aurait pu croire que la brise du changement allait bouleverser l’élite politique française, que l’ouverture ne se limiterait pas à quelques personnalités dévoyées de l’opposition mais inclurait une meilleure représentation des minorités à tous les niveaux de l’appareil d’état et même de la société. Force est de constater que la diversité n’a pas fait son entrée à la tête des cabinets, des administrations, des services publics et des entreprises qui comptent !

Nouvelles tendances :L'obsession des origines


L'obsession de la conformité des origines a même envahi les officiers d'état-civil de l'administration qui vous demanderont de prouver que vous avez des origines françaises si vous portez un nom qui n'est pas français de souche. Cette histoire est allée très loin dans la gabegie. Il y avait tous ces gens nés hors de France, de parents français ne portant pas un nom "français" à qui on demandait force certificats et force attestations mais on a pu voir à l'oeuvre une nouvelle forme d'antisémitisme d'état quand on a demandé à des gens qui étaient nés dans les anciennes colonies françaises de prouver leur appartenance au judaïsme. Malgré de nombreuses protestations, cela se poursuit mais on forme les fonctionnaires à y mettre des formes.


Le racisme anti-blanc


Ceux qui invoquent le racisme anti-blanc pour se défendre de certaines marques d’hostilité à leur égard de la part de certains voyous, ne se rendent pas compte qu’ils évoquent en fait leur identité blanche dont ils font un rideau et non un panache blanc. Ils font ainsi un amalgame racialiste sur l’origine ou la couleur de peau de ceux qui les ont agressés : "c'était pas des blancs". Alors l'idée d'un racisme anti-blancs dans un pays où la majorité des gens et de l'élite est d'origine européenne, c'est un mur de protection qu'on envisage de dresser pour se "protéger de l'autre" vu comme potentiellement dangereux.


L'antisémitisme alibi


C'est le même processus à l'oeuvre que dans le racisme anti-blanc. L'accusation d'antisémitisme portée à n'importe quelle occasion envers des personnalités ou des groupes en sachant qu'on en appelle, là, au rappel d'une tragédie infâme : la shoah. On se victimise, on réclame des condamnations puis de la sécurité et on construit un mur surmonté de barbelés à l'image du mur de Cisjordanie.Car le racisme n’est pas assimilable à la simple manifestation d’une hostilité, d’un rejet, d’une haine, c’est un système de pensée dont le racialisme est l’origine.


Et si on se méfie des blancs dans certains endroits de la république, ce n’est rien d’autre que l’effet boomerang d’un climat de domination violente et sans partage institué par une société qui a perpétué ses clichés coloniaux basés sur l’idée de race sans même s’en rendre compte.Coluche avec ses sketchs des années 80 comme "le pont de l'Alma" ("un homme normal...Blanc!") ou le "CRS arabe" avait été un visionnaire de cet état d'esprit dont il aimait être le miroir moqueur...!
Dés lors que je pense race, origine ou religion pour définir autrui, je suis prêt un jour pour le racisme.


http://miltondassier.over-blog.com/article-13698673.html

samedi 10 novembre 2007

Cannibale

Un vrai Cannibale !!

Après avoir bouffé la droite Gaullienne, la gauche, le centre, les caisses de l'Etat, sa femme, le budget de l'Elysée, les retraites, en plus de ce qui restait à la politique de déontologie et de décence ; le monstre enfanté par Cain et Mammon a encore faim !!

L’Europe des nazis qui s’ignorent


L’Europe des nazis qui s’ignorent : Eva Herman sous embargo
Par Inge Blass
Du délit d’opinion au crime de la pensée. En Allemagne, une icône du petit écran, la journaliste Eva Herman, vient de tomber dans les filets de l’inquisition… Depuis plus d’un mois, elle fait les gros titres de la presse outre-rhin qui l’affuble du surnom d’Eva Braun Herman ! Eva Braun, on connaît… Mais, Eva Herman, qui est-ce ? Eh bien, plus ou moins, l’équivalent en notoriété d’une Claire Chazal. Mais à la différence de cette dernière, elle a fait la faute d’utiliser son « temps de cerveau disponible » pour penser par elle-même. Ce qui, dans les mass médias européens, généralement ne pardonne pas. De plus, à voix haute ! Eva Herman a été congédiée séance tenante par son employeur, la télévision d’état NDR (Nord Deutsche Rundfunk) ; «ses activités d’écrivain (sic) n’étant désormais plus compatibles avec ses fonctions de présentatrice.» C’est en ces termes laconiques que le 9 septembre 2007 une des personnalités les plus appréciées du téléspectateur germanique fut virée sous les applaudissements serviles de la nomenclature médiatico-politique.Eva Herman a en effet publié deux livres, non traduits en français, consacrés à la politique de la famille et au rôle de la femme. En été 2006 paraissait «Das Eva-Prinzip» qui rencontra un beau succès de librairie et, au début de cet automne, «Das Prinzip Arche Noah» (Pendo-Verlag), très critique envers la conception hédoniste des valeurs sociétales prônées depuis 1968, où sous prétexte d’émancipation, on aliène ; au nom de la liberté individuelle, on emprisonne collectivement. Tout ça avec du bon sens, du tact, de la mesure… Loin d’un quelconque paradigme subversif. Elle fut pourtant attaquée avec violence par la presse dite de gauche et celle dite de droite observa une réserve suspicieuse. Apparemment, pas de quoi fouetter un chat ! C’était quand même pas du Beketch, du Dieudonné, du Brigneau ou du Soral… Bien loin s’en faut. Surtout qu’elle prenait le soin de manifester avec virulence son opposition à toute forme de nationalisme. Mais, voilà …Au cours d’une émission radiophonique à RTL de 30 minutes pour la promotion de son dernier bouquin, elle prononça une phrase de 10 secondes dont quelques bribes, soigneusement recollées et isolées de leur contexte, firent l’effet d’une bombe : «les valeurs de la famille, de l’enfant, de la présence maternelle […] encouragées par le IIIe Reich […] ont finalement été laminées par les soixante-huitards ». Toutes ses assertions qui encadrent cette réponse, condamnant catégoriquement le régime nazi, témoignant de sa sensibilité pour les questions sociales, de sa profonde aversion pour l’extrême droite, voire de son combat contre elle (gegen Rechts) sont balayées. Anticipant une condamnation du Zentralrat der Juden in Deutschland (le CRIF allemand), le pogrom médiatique pouvait alors commencer.Elle était prise au piège. Et, aussi avisée que fût sa bonne foi, elle ne s’en sortirait pas. Elle eut beau souligner son engagement contre les «idées nauséabondes», présenter ses excuses - « si j’ai pu blesser une personne ou un groupe de personnes en raison de son appartenance» - conformément au dogme (en l’occurrence le paragraphe 130 de la loi fédérale, une espèce de mélange entre ces lois Pleven, Perben et Fabius-Gayssot qui ont désormais leurs corollaires dans toute l’Union européenne), allant même jusqu’à révéler avoir «dénoncé un chauffeur de taxi qui avait tenu des propos racistes à l’encontre d’une de ses collègues juives» et s’entretenir très souvent avec sa grand-mère de «damals » («autrefois», le pudique terme allemand consacré pour évoquer le IIIe Reich) en lui demandant «sans relâche comment ça avait été possible» : rien n’y fit. Avaler des couleuvres, courber l’échine ne suffisent pas. Des fois qu’on vomisse les premières, des fois qu’on redresse la seconde, hein ! Du Spiegel au Welt ; du Taz au Bild : haro ! Une meute la traquait, empressée de la voir crever en direct. Eva Herman, elle, estimant qu’elle en avait fait assez dans la justification repentante, s’arrêta de courir et fit face. Elle porta plainte pour licenciement abusif contre la chaîne NDR. Persuadée de son bon droit à poser des questions de fond sur le dysfonctionnement de notre société, Eva Herman continue depuis à défendre avec panache et rectitude une conception de la famille qui lui attire désormais le soutien des mouvements nationaux - NPD (National Deutscher Partei) qui a le vent en poupe, de la vieille DVU (Deutsche Volksunion) ou du nouvellement créé Zentrum Partei hambourgeois. Soutien que, pour le moment, elle s’évertue à rejeter catégoriquement, menaçant même de poursuites judiciaires les organisations qui manifesteraient en sa faveur. Refusant de se laisser acculer dans un débat sur l’histoire de son pays, elle répète inlassablement se focaliser uniquement sur la problématique familiale. Pourtant, pas un seul éditorialiste de la presse aux ordres ne lui en sait gré : par le biais de la question familiale, elle fait le jeu de la nation. En Allemagne, encore plus qu’ailleurs, celui de tous les tabous. En conséquence, s’acharner contre elle n’est pas un droit, mais un devoir démocratique. Attention ! Sans braquer l’opinion publique. Il fallait donc lui laisser du mou, écarter les rabatteurs trop sauvages, organiser la curée avec pédagogie… Un magazine de la ZDF (Zweites Deutsches Fernsehen) du mardi 11 octobre illustre parfaitement cette méthode ordinaire de diabolisation. Animée par un ancien commentateur sportif, bonne serpillière du système, néanmoins de «ses amis», Eva Herman y fut confrontée sur le ton de la camaraderie tutoyeuse à trois personnalités avec un indice de popularité comparable au sien. Au prétexte de lui «donner une chance» , l’objectif de cette réunion hypocrite se révélait double. Qu’elle prenne conscience, d’une part, que sa conception de la famille se rapporte à une période «sombre et révolue», et, de l’autre, qu’elle exprime conséquemment des regrets sincères pour sa philosophie négatrice «des droits de l’homme et de la femme dans notre démocratie». Cette leçon de morale aux allures de débat collégial, cette coercition plus ou moins douce, faussement complice, allait bien vite être battue en brèche par l’arrivée d’un invité surprise. Précisément mis en scène en retrait du plateau, au premier rang du public, tel un procureur dans un tribunal populaire, il s’agissait d’un professeur de l’Université de Berlin, «éminent spécialiste de la seconde guerre mondiale». Rien que ça. Eva Herman haussa les sourcils d’étonnement, en reprochant à l’animateur de l’attirer sur un terrain chausse-trappes qu’elle ne voulait pas fréquenter. Qu’importe… A chacune de ses interventions, le fonctionnaire de l’histoire officielle, en vrai notable du prêt-à-penser, tenta de démontrer que non seulement les concepts, mais également le vocabulaire employés par «Frau Herman» - qui avait d’ailleurs fait l’objet de son dernier cours à la faculté- étaient caractéristiques de l’idéologie nazie. Par exemple, ce mot de «Gleichschaltung» (uniformisation, synchronisme) qu’elle utilise pour qualifier l’attitude de «l’establishment politico-médiatique» à son égard en l’opposant aux «honnêtes gens du dehors qui, par chance, pensent autrement» était typique de l’argumentation du régime d’Adolf Hitler. Ce Professor l’accusa même d’être une adepte du «KKK» (Küche, Kinder, Kirche / Cuisine, Enfant, Eglise). Mais, oublieux de ce qu’il ne s’adressait pas à de jeunes étudiants manipulables à merci, s’attira finalement le conseil d’une Eva Herman admirable de sang froid, quoiqu’un peu choquée, d’avoir à stopper net sa diffamation sous peine de poursuites judiciaires. La fameuse expérience de Milgram visant à déterminer le niveau d’obéissance par rapport à une autorité légitime se terminait ainsi en queue de poisson.N’empêche que le modérateur, enchaînant la détente et le bon copain, en rajouta une couche en lisant deux courtes phrases assez passe-partout, cependant « étrangement semblables », concernant l’émancipation des femmes : «La première est de toi et la seconde d’Alfred Rosenberg, l’idéologue en chef du national-socialisme. Eva, le savais-tu ?» Non ! Bien sûr que non ! Elle n’avoue pas, rien à expier.Au contraire, avec un calme iphigénique, elle éparpilla au cours de cette séquence quelques réflexions ingénues qui, dès le lendemain, relancèrent de plus belle la polémique dans l’espace germanophone : «On ne peut pas s’interroger honnêtement sur l’histoire de notre pays sans se mettre en danger […] Si des autoroutes ont été construites autrefois [damals] est-ce que ça a un sens de les ignorer alors qu’on roule dessus aujourd’hui ?». Là, c’en était trop, même le comique de service en avait des soupirs hystériques. Les deux autres personnages sur le retour, la comédienne «autrichienne» Sentha Berger et l’ex-animatrice «hollandaise» Shreinemarkers (évincée de la télé, elle, pour fraude fiscale) s’essoufflèrent d’indignation dans un style dangereusement cardiaque. Eva Herman fut exclue du plateau. Grâce à elle cette émission d’ordinaire fadasse enregistra un taux d’audience record.
Moi, à la place des journaleux consensuels, je me serais plutôt interrogé sur deux locutions pleines de justesse d’Eva Herman : «Les classes moyennes sont exagérément imposées pour financer l’immigration, alors qu’elles ne peuvent même pas éduquer correctement leurs propres enfants» ; «Il ne s’agit pas d’apporter seulement de petites améliorations à la démocratie, quand nous sommes en train de mourir [am aussterben]…». Ils n’auront certes pas le courage de s’en emparer, car ces thématiques cruciales concernent l’avenir de l’Europe et remettraient inévitablement en cause les fondements de notre théologie démocratique comme vecteur de planétarisation téléologique. Non ! Les gardiens du temple se servent du passé comme d’un leurre, à fustiger inlassablement, pour mieux occulter les maux de notre époque. Peut-être, que d’un scandale sous respiration artificielle, en naîtra un autre, à l’air libre.Nous en rapprochons nous ? A en croire un sondage de l’Institut Forsa pour l’hebdomadaire Stern du jeudi 18 octobre, oui ! Puisqu’un quart des Allemands juge que la politique hitlérienne a également eu des aspects positifs. Patatras ! Ces résultats ont immédiatement provoqué «la colère» et le «dégoût» du vice-président du Zentral Rat der Juden, Dieter Grauman qui appelle la classe politique à en faire encore davantage pour lutter contre l’extrême-droite. Appel reçu 5 sur 5, comme d’habitude. Les politiciens, les conservateurs bien sûr en première ligne, se battent à qui mieux mieux pour condamner les propos d’Eva Herman. Même son éditeur vient de la lâcher. Le seul personnage public de premier plan à ne pas la renier est l’Archevêque de Cologne, le Cardinal Joachim Meissner. Faut dire que Son Eminence est aussi un honnête homme qui ne mâche pas ses mots. Entre autres prises de positions en faveur du droit naturel, il vient de conseiller aux responsables de la CDU (Union Démocrate Chrétienne), de supprimer le «C» dans leur sigle, au motif que le parti d’Angela Merkel s’aligne sur les orientations du «planning familial» (avortement). Il est vrai que dans cette Allemagne qui vit intensément sous le copyright de Nuremberg - et ceci de façon toujours curieusement redoublée au fur et à mesure que le spectre de la seconde guerre s’éloigne- les citoyens dès l’école primaire sont soumis à un lavage de cerveau intensif : autoroutes construites uniquement pour faciliter l’invasion des pays frontaliers et mères de famille exclusivement reproductrices de nourrissons casqués prêts à l’emploi de guerre … Entre autres mythes saugrenus. Le pouvoir des mots ne s’exerce que sur ceux qui ont été disposés à les entendre et à les écouter, bref à les croire. Et le phénomène inquiétant pour l’inquisition ploutocratique, c’est que le peuple s’identifie à une Eva Herman dont chaque pas, quelle qu’en soit la dignité, la rapproche un peu plus d’un bûcher préprogrammé. A moins qu’elle finisse par accepter les encouragements –d’où qu’ils proviennent- des dizaines de milliers de ses compatriotes qui s’enflamment pour elle dans les bistrots, les fora, les courriers de lecteurs… Maintenant que ses yeux commencent à se dessiller, qu’elle les ouvre donc jusqu’au bout ! Elle y verra peut-être la vingtaine de milliers de condamnés européens pour délit d’opinion, parfois très lourdement. Sans parler de la grande masse de ceux qui, comme elle, mais anonymement et en coulisses, ont perdu leur travail pour avoir osé rompre le silence et, pire, ceux qui n’en trouveront jamais pour la même raison. L’étau qui se resserre ne concerne pas que les têtes d’affiches, mais ces dernières le rendent plus visibles, à conditions qu’elles n’aient pas un fascisme de retard. Courage Eva ! En plus, elle a de la gueule – alors, vive la sorcière ! A bas les bourreaux !
media-consult 2007 – correction AvR

Les États-Unis n’ont jamais été une démocratie

Ashanti Alston : « Les États-Unis n’ont jamais été une démocratie. » par Ossama Lotfy
Figure historique du Black Panther Party (BPP) et de la Black Liberation Army (BLA), Ashanti Alston continue à militer pour transformer la société états-unienne et libérer sa communauté de l’oppression économique et du racisme. Dans l’entretien qu’il a accordé au Réseau Voltaire, il évoque les formes actuelles de contestation et exprime son admiration pour les mouvements de résistance arabes.

Réseau Voltaire : Pour commencer, pourriez-vous nous parler de votre expérience au sein du Black Panther Party (BPP).

Ashanti Alston : Je m’appelle Ashanti Alston. Je suis un ancien membre du Black Panther Party (BPP). J’étais également un soldat dans la Black Liberation Army (BLA), qui était une extension du mouvement [1]. J’ai aujourd’hui 63 ans. J’ai commencé cette lutte révolutionnaire dès ma jeune adolescence, à 14 ans. Je me suis engagé après une série de rébellions dans la communauté noire des États-Unis en 1967, qui était lasse de ne pas pouvoir trouver de moyen d’arrêter l’oppression raciste dont elle était victime. Tout cela m’a rendu politiquement conscient. J’ai donc commencé à lire Malcom X [2], en étant très attentif à ses discours. Entre 1969 et 1978, moi et mes proches amis avons envisagé des projets pour le BPP.
Ce qui était nouveau, c’est que le BPP voulait la libération complète des afro-américains en comprenant bien que cela ne pourrait se faire sans une révolution aux États-Unis qui détruirait toutes les bases capitalistes du pays. C’est pourquoi nous étions attentifs aux souffrances des autres opprimés, ainsi qu’aux autres mouvements de contestation à l’intérieur et à l’extérieur des États-Unis, et aujourd’hui partout dans le monde.
Ma ville natale, une petite ville de Géorgie, était réellement divisée par le racisme. Nous avons pourtant réussi à réunir des adolescents et à y établir un chapitre Black Panther, afin d’organiser la communauté noire autour de repas gratuits, autour de « hunstrick ». Nous voulions faire en sorte que l’histoire des noirs soit enseignée au lycée. Et tout simplement, nous voulions être présents auprès des gens de notre communauté, afin qu’ils puissent commencer à se dresser contre les brutalités policières et les autres formes de racisme. Avant même qu’une année ne se soit écoulée, moi et mon meilleur ami avons été victimes d’un coup monté où l’on nous accusait du meurtre d’un policier. Ainsi, ils nous ont enfermé et pendant 4 ans nous avons dû nous battre pour démontrer notre innocence.

À cette période, les droits civils revendiqués par les noirs avaient déjà été obtenus depuis 1965, peu de temps avant la création du Black Panthers Party. Qu’est ce que le BPP apportait de plus à la communauté noire ?

Ashanti Alston : Le mouvement des droits civils [la South Christian Leader Conference (SCLC) de Martin Luther King] souffrait et était désuni. Cela a permis la naissance du mouvement Black Power [3]. Nous avions une compréhension plus claire de l’oppression économique que subissait la communauté noire et de ce qu’il serait nécessaire de faire pour qu’elle se libère. C’est-à-dire : la nécessité de contrôler l’économie et la politique de notre communauté. Le « Black Power » était une partie du mouvement noir qui existait dans tout le pays. Nous avons commencé à étudier, en particulier les analyses marxistes et le concept de lutte des classes. Nous avons compris pour la première fois qu’il y avait une classe dirigeante qui gouvernait pour tous dans ce pays. Beaucoup d’entre nous ont compris qu’ils ne voulaient pas être uniquement libres dans la société états-unienne telle qu’elle se présentait, mais dans un modèle de société socialiste. Cela devenait de plus en plus clair pour nous que les banques et les multinationales étaient le véritable pouvoir de ce pays, au-delà de la Maison-Blanche et du Pentagone. Le combat était donc plus compliqué qu’il n’y paraissait. C’est pourquoi nous avons beaucoup appris durant cette période du combat d’autres militants dans le monde.
Récemment, G.W.Bush a déclaré qu’il se revendiquait de Gandhi et de Martin Luther King [4]. Il a affirmé que la Maison-Blanche se rattachait à la « philosophie de la non-violence ». Comment est ce possible pour un néo-conservateur belliciste de dire ce genre de chose aujourd’hui ?

Ashanti Alston : Il est possible de dire ce genre de chose aujourd’hui, quand l’on vit dans une société fasciste. Quand l’on vit dans une société qui est encore plus avancée que celle décrite dans 1984, le roman de George Orwell, un président comme G.W. Bush peut se dire partisan de la non-violence, même quand il représente la pire machine de guerre qui ait jamais existé dans le monde. La plus triste des probabilités serait que G.W. Bush, et la classe dirigeante dans son ensemble, aient des services de relations publiques dans les médias de masse, qui, pour leur part, essayent actuellement de convaincre plusieurs millions de gens que ce que font les États-Unis dans le monde est juste. Ils peuvent convaincre ces gens en leur disant que cela est divinement juste, en invoquant Dieu. Je ne dirai pas Dieu lui-même, mais en se servant de la religion en ce sens.
C’est pourquoi énormément de gens se mobilisent à travers le monde afin de lutter contre cet empire. Bien que beaucoup de gens ne le savent pas, il y a des médias alternatifs comme le vôtre —Voltairenet.org— qui sont capables de « trouver les mots » et de rallier les gens à leur cause.
Cela dit, pourquoi un mouvement comme le Black Panther Party ne peut pas être récupéré par les politiques ?
Ashanti Alston : Ils ont des ressources, mais ce n’est pas seulement avec l’attrait du pouvoir qu’ils peuvent convaincre les gens. Cela dit, ils ont le pouvoir de corrompre beaucoup de personne qui se battent dans notre communauté, en les convainquant de travailler pour eux. Par exemple, il y a ceux que l’on appelle « les leaders de la communauté noire » alors qu’ils ont été récupérés et corrompus par le système financier et politique. En échange de cela, ces prétendus leaders élaborent des politiques qui semblent « militantes » alors qu’elles ne font aujourd’hui que servir le système, parce qu’elles évitent de parler des problèmes de fond, liés à l’économie et au capitalisme. Ce qu’elles encouragent à faire, c’est à devenir partie intégrante du système. Aujourd’hui, nous avons de faux leaders en politique et dans le monde des affaires, ainsi que dans le monde du sport et de l’entertainement qui ont été habitués à nous convaincre de rester dans le système. Qu’importe que le système soit décadent !

En tant qu’ancien activiste Black Panther, vous n’avez pas accès aux médias de votre propre pays. Qu’en est-il de la communauté noire en général ?

Ashanti Alston : Il est sans doute plus difficile aujourd’hui d’y avoir accès que cela ne l’était à l’époque. Parce qu’il n’y a pas beaucoup de médias noirs indépendants. Une des raisons pour lesquelles je dis que cela est plus difficile aujourd’hui, c’est parce que le système autorise les gens à protester, en même temps qu’il arrive à convaincre que ces voix dissidentes, comme les nôtres, sont celles de fous !
Les Black Panthers sont aujourd’hui désignés comme étant un mouvement terroriste…

Ashanti Alston : Oui. Et quand les gens commencent à croire que nos voix sont celles de terroristes et qu’elles ne vont pas les aider, ils passent à autre chose. Les médias ont un tel contrôle sur les émotions, que nos voix sont étouffées : elles ne peuvent avoir d’impact significatif. La seule chose que nous puissions faire, c’est de continuer car il y aura malgré tout toujours des gens réceptifs à notre message. C’est la seule façon que nous avons pour faire s’écrouler ce système. De leur côté, ils font tout pour que nous ne puissions pas nous exprimer autrement que par l’intermédiaire de leurs médias. Ils essayent de convaincre de plus en plus de gens de rejoindre le système, leur message est : « N’essayez pas de construire vos propres médias, devenez une part des médias de masse si vous voulez être la voix de votre peuple ! »
Au delà du Black Panther Party, les États-unis des années 60 ont connu de nombreux mouvements de contestation, aussi bien dans la contre-culture de l’Amérique blanche (Rock, Beat generation, Hippies…) que dans celle de l’Amérique noire (Free Jazz, Black power…). Que reste t-il de cette révolution politique et culturelle ?

Ashanti Alston : Une des choses qu’a dit Frantz Fanon [5] dans son livre Les Damnés de la Terre était que : « toute génération doit créer sa propre forme de résistance. Et celle-ci prendra la forme particulière de cette génération ». Aujourd’hui, la révolution culturelle se fait par exemple par le Hip-hop. Ces artistes ont trouvé le moyen de continuer à transmettre les rêves de la communauté noire, de sa volonté de se battre pour être libre. En particulier avec le Hip-hop, il y a une génération de jeunes adolescents qui s’éduque elle-même, qui apprend l’histoire de la lutte des noirs. Ce style musical parle du BPP et de la BLA. Ces jeunes peuvent vous dire qu’ils connaissent tout cela, notamment l’histoire des prisonniers politiques.
Ce qui se passe aujourd’hui est particulier. Même si les formes de résistance que nous avons connues ont été vaincues, le temps vient d’une nouvelle forme de résistance qu’ils ne peuvent pas détruire. Encore que cela soit un combat permanent pour le Hip-hop, qui doit lutter contre le Gangsta rap, selon moi.

Bien entendu. Mais il y a toujours le problème des medias dominants et de la télévision, qui, dans ce cas particulier, promeut plutôt le Gangsta rap pour ses valeurs capitalistes. La séparation par le spectacle est chose admise. Cela était moins évident dans les années 60.

Ashanti Alston : Dans les années 60, tant de chose arrivaient à la fois, que ce soit la musique, la culture noire, les arts et la danse [6]. Toute chose était une forme de résistance en soi, au racisme et à l’oppression, quelle qu’elle soit. Cette résistance était si massive que le système n’avait pas la capacité de les incorporer. Cela a inspiré énormément de gens. Quand j’ai rejoint le BPP durant mon adolescence, l’état d’esprit du parti était d’allumer la radio et d’écouter la musique, où l’on pouvait entendre des gens qui parlaient de révolution. C’était différent d’aujourd’hui parce que désormais, le système a appris à incorporer cela.
On connaît aujourd’hui la façon dont le FBI s’est acharné sur le Black Panthers Party. Un acharnement qui s’est étendu à tous les mouvements « radicaux » avec le « CointelPro ». En sachant que tous les mouvements contestataires ont toujours été surveillés de très près —au mieux discrédités, au pire éliminés— peut-on dire que les États-Unis sont vraiment une démocratie ?

Ashanti Alston : J’irai encore plus loin en disant que les États-unis n’ont jamais été une démocratie. Ils se sont établis sur ce continent en exterminant les populations indiennes qui y habitaient. Ils ont été en Afrique pour kidnapper des millions de noirs et en faire esclaves, etc. Si l’on se souvient que tout cela a servi de base à ce qui allait devenir les États-Unis, alors force est de constater que ce pays ne pourra jamais être une démocratie ! Dans ces circonstances, ce pays ne peut être qu’une société de classe basée sur l’oppression raciale, même si les apparences de la démocratie ont été maintenues pour servir les intérêts de la classe dominante. C’est pourquoi il y a toujours eu tant d’oppositions entre les blancs et les noirs, les riches et les pauvres, les hommes et les femmes. Ils usent et abusent du mot « démocratie » depuis le commencement pour donner l’impression que les États-Unis sont un pays plein d’humanité. Pourtant, cette société a toujours été corrompue. Nous devons donc faire attention à ne pas croire en sa propagande. Les gens qui vivent en bas de l’échelle sociale n’ont jamais vécu l’expérience de la démocratie. Et même s’ils ont eu le droit d’y participer, cela n’a jamais été pour autre chose que pour maintenir cet état de fait.

Est-ce que le « Patriot Act » est la continuation du « Cointel Pro » ?
Ashanti Alston : Le Patriot Act est sans aucun doute sa continuation, du fait que le Cointel Program n’était pas seulement destiné à contrer le mouvement noir, mais tous ceux qui résistaient à l’oppression sur le territoire des États-Unis. Le Patriot Act, c’est exactement la même chose ! Pour beaucoup d’entre nous, qui sommes encore dans la lutte de la communauté noire et qui étaient déjà présents dans les années 70, il est évident que le Patriot Act est la continuation du précédent. Mais pour ceux qui ne peuvent voir le lien qui existe entre ces deux programmes, le Patriot Act paraît une nouvelle forme d’oppression.
Le système use de sa force répressive pour essayer d’abattre toute forme de résistance. C’est probablement pour cela que nous avons assisté en janvier 2007 à l’arrestation de 8 anciens membres du BPP des années 70. C’était des grand-pères qu’ils ont arrêtés ! Nous pensons que cela a été décidé dans le but de faire passer un message très précis auprès de la jeune génération : « Avant de penser à faire quoi que ce soit qui ressemblerait à ce que les Black Panthers ont pu faire dans la BLA, regarder d’abord ce qui peut vous arriver ! » C’est du fascisme. « Nous faisons de la répression avant même que vous ayez pensé à résister ! » Nous ne laisserons pas ces choses se faire. Quel que soit le nom que puisse avoir ce programme.
Les mouvements contestataires des années 60, aussi bien culturels que politiques, se sont épanouis dans un contexte particulier, celui de la guerre au Vietnam. Aujourd’hui, les États-unis semblent traversent une situation de crise semblable, avec l’Afghanistan et l’Irak. Mais quelles sont les forces dissidentes en présence ?
Ashanti Alston : L’un des mouvements les plus visibles aux États-Unis est le mouvement contre la guerre en Irak. En fait, ce sont principalement des gens issus de la communauté blanche qui sont rentrés dans ce mouvement pour arrêter la guerre à l’étranger, mais ils ne reconnaissent pas la guerre qui est livrée aux citoyens des classes pauvres, à l’intérieur même des États-Unis, parce que cela évoque à nouveau la question du racisme. Pourtant ce mouvement continue à rassembler les gens. Il est arrivé à certains moments que sept millions de personnes soient sorties dans les rues pour manifester contre la guerre. Mais dans le même temps, ceux qui sont au bas de la société sentent qu’il y a une guerre menée contre eux. Si ceux qui manifestent veulent avoir une véritable honnêteté intellectuelle, ils doivent le reconnaître.
Au delà de la contestation de la guerre d’Irak en elle-même, est-ce que ce mouvement mène une véritable critique sur les causes de ces guerres ?
Ashanti Alston : Je dirai que beaucoup de ces gens qui sont contre la guerre sont ce que j’appellerai des « libéraux ». Ils ne portent pas leurs critiques et leurs analyses assez profondément dans le système. Ils sont juste contre la guerre, et non contre le capitalisme qui a créé les conditions de cette guerre. Beaucoup d’entre eux ne sont pas préparés à cela. Il est plus sûr d’être seulement contre la guerre en Irak, plutôt que de remettre en cause les fondations mêmes des États-Unis, de cet empire qui a permis que cette guerre se fasse.
Les idées du mouvement anti-guerre sont donc équivalentes avec celles du Parti démocrate ?
Ashanti Alston : Elles ne sont pas très éloignées du Parti démocrate, mais aussi des républicains, dans le sens où les deux veulent que le système soit maintenu. Cependant, le mouvement anti-guerre a le potentiel de virer à gauche et de devenir réellement révolutionnaire. Il faudrait que ces dirigeants changent. La plupart de ceux qui le dirigent ne sont pas réellement critiques envers cette société de classe, basée sur des discriminations raciales.
Y’a t-il d’autres mouvements contestataires aux États-Unis ?
Ashanti Alston : Il y a toujours une résistance aux États-Unis mais vous n’en entendez pas parler à cause du pouvoir des médias de masse. Cela est difficile, même pour les gens habitant aux États-Unis, de savoir qu’il y a des gens qui se battent ici. J’ai souvent l’opportunité de parler dans des universités ou devant ma communauté : la plupart d’entre eux sont des gens mal-informés sur les différentes formes de résistance qui sont en activités, même les activistes ! Alors j’imagine très bien ce que cela doit être pour les personnes vivant en dehors des États-Unis. Tous doivent penser que nous sommes complètement soumis à l’empire !
Le programme du Black Panther Party se voulait populaire et pragmatique, dans le but de répondre aux besoins et aux difficiles conditions de vie de la communauté noire des années 60 et 70 [7]. 30 ans plus tard, est ce que l’on peut dire que la situation des ghettos noirs états-uniens a évolué ?
Ashanti Alston : Les conditions des ghettos sont malheureusement pires qu’elles ne pouvaient l’être dans les années 60. Elles sont tellement pires ! Aujourd’hui, nous voyons les résultats de l’ « embourgeoisement » [gentrification] et le taux d’emprisonnement, les deux étant liées.
« L’embourgoisement », c’est quand les banques et les politiciens travaillent ensemble afin de réorganiser les zones où les communautés pauvres habitent pour servir les intérêts de la classe moyenne et des classes supérieures. Cet « embourgeoisement » détruit actuellement notre communauté et nous envoie dans d’autres lieux avec les mêmes problèmes de précarité. Dans ce sens, ils divisent et détruisent notre communauté plus rapidement que cela avait pu se faire par le passée, parce qu’ils fournissent également des armes et de la drogue. Cela a permis aux figures du Gansta rap, à des sportifs de haut-niveau et aux stars de l’entertainement d’encourager les jeunes gens à utiliser tous les moyens nécessaires pour devenir riches rapidement. C’est pourquoi un artiste comme 50 Cent est si populaire. Mais ce qui se passe concrètement, c’est que beaucoup de ces jeunes sont arrêtés et envoyés en prison. Ils intègrent ainsi [un système de travail obligatoire non rémunéré] cette nouvelle forme d’esclavage qui se développe en prison [8]. Les problèmes d’aujourd’hui sont différents de ce qu’ils étaient parce que les conséquences ravageuses de ce mode de vie précaire se sont révélées très rapidement. Le H.I.V est toujours un problème d’une extrême importance, comme celui des grossesses des jeunes filles. Les écoles détruisent toujours les esprits de jeunes gens qui se sentent forcés d’y aller alors qu’ils n’y sont pas éduqués, mais au contraire abrutis. Toutes les méthodes que nous avons utilisées durant les années 60 et 70 doivent être revues, repensées, afin de revenir avec plus de créativité pour notre lutte révolutionnaire.
Vous parlez d’un point important et méconnu à l’étranger, celui du travail forcé dans les prisons états-uniennes. Vous avez passé vous même plusieurs années en prison à cause de votre combat révolutionnaire dans la Black Liberation Army. Je suppose que vous avez suivi l’évolution des conditions de vie en prison depuis. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Ashanti Alston : Quand j’étais en prison du milieu des années 70 au milieu des années 80, c’était la fin d’un grand mouvement révolutionnaire qui existait au sein des prisons. Cela a commencé avec l’assassinat de George Jackson dans la prison de San Quentin en août 1971. C’ était un des leaders les plus importants de ce mouvement, et ils l’ont tué. Au milieu des années 70, j’ai constaté le déclin de la conscience révolutionnaire chez la plupart des prisonniers et une augmentation du nombre de jeune gens arrivant, dont certains étaient affiliés à des gangs. Leurs peines de prison étaient plus longues. Ce que le système carcéral était en train de faire se produisait aussi à l’extérieur : ils donnaient plus de biens matériels aux prisonniers. Des biens qui les aidaient à divertir leur attention de l’oppression. Désormais, il y a la télévision avec toutes les chaînes, la radio, des choses que l’on peut acheter dans les boutiques des prisons. Cela a été fait pour que les gens évitent de penser d’une manière révolutionnaire. C’était le même phénomène qui se produisait dans les rues.
Selon vous, quelle est la première priorité des exclus d’aujourd’hui ? Est-ce que ce sont les « droits sociaux » ?
Ashanti Alston : Selon moi, l’oppression fait que les gens se battent pour leurs droits, mais cela est toujours construit sur l’idée d’une attente de générosité de la part de l’oppresseur. Vous voulez le convaincre qu’il devrait faire quelque chose dans le sens de la justice. Je rejette cette vision de choses ! Pour moi, la chose la plus importante qui soit pour les opprimés est qu’ils fassent attentions aux uns et aux autres, qu’ils trouvent le moyen de travailler entre eux afin de construire un mouvement révolutionnaire. Dans ce cas là, la quête « des droits » s’avérera être très secondaire… Car nous devons rejeter l’idéologie du système, l’idéologie « du droit » et utiliser cela pour nous battre avec plus de vigueur. Avec la conviction que nous pouvons gagner.
Durant l’Ouragan Katrina, le gouvernement n’a pas été en mesure de faire face à l’événement autrement qu’en envoyant l’armée, plutôt que de véritables secours pour aider les gens. Aujourd’hui, la Nouvelle-Orléans est toujours sinistrée. Quels enseignements tirez-vous de l’impuissance et de l’immobilisme du gouvernement états-unien durant cette catastrophe ?
Ashanti Alston : Je pense que c’est le parfait exemple de ce que j’essayais juste d’expliquer à l’instant. L’Ouragan Katrina ne nous a pas juste révélé l’immobilisme et l’impuissance du gouvernement, il nous a appris que le gouvernement n’avait pas le désir d’aider les gens d’en bas. Katrina ne concernait pas seulement les noirs, bien que la majorité étaient noirs, c’était avant tout des pauvres. Nous ne pouvons pas avoir foi en ce gouvernement et en ses forces militaires pour résoudre nos problèmes. Ce que les gens devraient en retenir, c’est que nous devons nous tourner les uns vers les autres pour survivre. C’est ma vision anarchiste des choses, nous avons besoin chacun des uns et des autres, nous n’avons pas besoin d’un gouvernement ou d’une autorité quelle qu’elle soit. Durant Katrina, les gens ont dû prendre soin d’eux et trouver leurs propres moyens pour survivre. Durant le cataclysme et même après, il y avait d’anciens membres des Black Panthers présents sur place pour aider les gens à défendre leur quartier, à construire des « cliniques » d’urgence, à organiser des distributions de nourriture. Et les aider plus généralement à prendre soin d’eux parce qu’il était clair que le gouvernement ne viendrait pas à notre secours. Ils ont dû aussi faire face aux forces militaires qui utilisaient leur armes contre la communauté noire.
Vous êtes l’un des théoriciens de l’anarchisme noir [9], que vous venez d’évoquer. En quoi est-il différent de l’anarchisme tout court ?
Ashanti Alston : L’anarchisme noir est très sensible aux formes d’autorité et d’oppression, où un seul groupe a le pouvoir de gouverner les vies de tous les autres. En ce sens, nous avons des bases communes avec les autres anarchismes. Ce qui est différent, c’est que nous sommes spécialement concernés par la condition des noirs aux États-Unis et à travers le monde. Aux États-Unis, nous sommes particulièrement conscients que nous voulons arrêter les agissements de la classe dirigeante, mais nous avons surtout conscience que nous nous adressons à la classe ouvrière, aussi bien aux noirs qu’aux blancs. Dans l’anarchisme noir, nous mettons en avant la culture noire, que ce soit le Jazz, le Hip-hop les arts et la danse en général. Nous devons nous servir de cette force pour créer une société plus égalitaire où nous pourrions reconnaître que nous avons besoin les uns des autres. Car moins nous nous opprimons entre nous, plus nous sommes en mesure d’être une force pour le changement.
Tous les mouvements de contestation qui ont réussi à changer la société états-unienne étaient basés sur des religions monothéistes. Est-ce qu’un mouvement de contestation peut exister aux États-Unis sans bases religieuses ?
Ashanti Alston : Personnellement, je pense qu’un mouvement ne peut pas exister sans dimension spirituelle, y compris les mouvements séculiers. Je pense que l’on doit savoir que Malcom X et Martin Luther King, le vrai —pas celui que présente G.W. Bush—, étaient de véritables révolutionnaires. Cela veut dire qu’avoir des convictions spirituelles ou religieuses n’est pas réactionnaire ni négatif. C’est un moyen d’analyser la situation. Il en va de même pour les Zapatistes, qui s’appuient sur la théologie de la libération. Ils ont utilisés cette dimension pour comprendre ce qui leur arrivait et agréger les bases de leur propre communauté afin qu’ils puissent vivre et se battre. Nous allons devoir apprendre comment lutter avec la difficulté de la différence d’idéologies et de croyances. Ce que nous devons avoir en commun, c’est la pratique et quelques valeurs, comme être contre le capitalisme et le racisme par exemple. Je dirai, d’autre part, il y a la religion de l’oppresseur et celle de l’opprimé. Quand je suis arrivé chez moi aujourd’hui avant votre appel, je lisais ce livre qui parlait du christianisme noir. En résumé, ils utilisent La Bible pour se libérer et non pour y voir une interprétation esclavagiste et accepter leur condition d’asservissement. Aujourd’hui, nous ne devons pas condamner l’islam, juste parce que nous ne sommes pas d’accord avec la religion en elle-même, mais nous devons voir comment elle peut devenir un moyen de résistance à l’Empire. Et voir toutes les choses que le mouvement musulman fait. Ce mouvement, à l’intérieur duquel les femmes se battent pour avoir une voix plus grande ; ce mouvement où les gens se référent à la religion pour créer un modèle de société différent du capitalisme. Des tas de choses se produisent, nous les blâmons et les condamnons sans vraiment les comprendre.

Le Black Panthers Party a toujours témoigné de sa sympathie pour les autres mouvements de libération dans le monde, tels que le FLN en Algérie ou l’OLP de Yasser Arafat. Que pensez-vous des mouvements arabo-musulmans, tels que le Hamas et le Hezbollah ?
Ashanti Alston : C’est intéressant que vous posiez la question. Ce que beaucoup d’entre nous, au sein du BPP, commençons à apprendre du Hamas et du Hezbollah est qu’ils ont travaillé durant des années pour se développer par eux-mêmes et sauver leur peuple. Ils ont créé ce que nous appelons ici « les programmes de survie ». C’est la même chose que nous avions fait avec le BPP. Les gens sont surpris de la force du Hezbollah et du Hamas. Mais c’est parce qu’ils sont à l’écoute des besoins de leur population. Et c’est une des principales choses qui a permis en son temps au BPP d’exister avec ses « programmes de survie » : les petits déjeuners gratuits – free lunch programs, la distribution de vêtements et aider les gens à maîtriser des armes à feu pour se défendre contre les brutalités policières. Les gens avaient ainsi commencé à nous soutenir et à s’identifier à nous. Et c’est ce qui se passe avec le Hezbollah et le Hamas. Le problème, c’est que des gens les rejettent à cause de leur religion ! Pour en revenir à l’exemple du BPP, nous nous identifions aux théories marxistes, socialistes et maoïstes…les médias se sont servis de cela pour encourager les gens à nous rejeter. Les gens doivent savoir que ces deux mouvements arabes ont trouvé un moyen de résister, et qu’ils font le mieux qu’ils le peuvent.
Nous sommes d’accord pour dire que le Hamas et le Hezbollah poursuivent un mode d’action comparable à celui du BBP. Comme ce dernier, ils sont qualifiés de « mouvement terroriste », alors qu’ils assurent l’auto-défense de leur population, l’aide par des programmes sociaux et aspirent à la libération de leur peuple. Mais qu’est ce qui est réellement nouveau, depuis le BPP ?
Ashanti Alston : Je pense qu’il y a beaucoup de choses qui sont similaires, dans le sens où ces mouvements existent pour libérer leur peuple. Qu’ils ont eux aussi compris l’importance des programmes d’aides sociales, afin d’unir leur peuple et de créer une force sociale qui puisse survivre et se libérer des oppressions nationales et internationales. De même, ils ont de jeunes gens qui sont prêt à sacrifier leur vie pour cela. A bien des égards, je trouve que nous avons beaucoup de choses en commun. Cependant, je ne sais pas exactement quelle est la vision de la société « idéale » qu’ils voudraient construire. Mais je les soutiens dans leur volonté de s’émanciper. Ils en ont besoin. Qu’importe ce qu’il y a autour. Qu’importe que ces changements surgissent durant la lutte. Comme n’importe quels autres mouvements, ce ne sont pas des groupes monolithiques, il y a différentes opinions et différentes idées, et ils devront réfléchir et se battre pour essayer de trouver les meilleurs idées, en même temps qu’ils essayeront de se consolider en tant que communauté de résistance.
Cependant, le Hezbollah a réussi à résister à gagner seul la guerre qu’Israël a mené contre le Liban durant l’été 2006. Pourquoi était-ce plus difficile pour le BPP de lutter contre son propre système, alors que le Hezbollah a réussi à gagner contre Israël ?
Ashanti Alston : C’est une bonne question. Sans doute parce que le BPP était très jeune. Et le genre de lutte que nous étions en train de conduire était quelque chose de très nouveau pour nous. Nous n’avions aucune expérience. Même si nous essayions d’apprendre du mieux que nous pouvions. C’est pourquoi nous avons créé des liens avec d’autres mouvements, de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) aux mouvements africains, jusqu’au Front de libération national du Vietnam. Nous voulions apprendre le plus vite possible. Mais dans le même temps, le système élaborait des stratégies aussi vite qu’il pouvait pour nous détruire. Ils avaient de l’expérience. Ils avaient déjà détruits plusieurs mouvements révolutionnaires depuis des générations à travers le monde. Cependant, ils ont été stupéfaits de voir une révolution naître sur leur propre territoire. Ils ont ainsi imaginé le Cointelpro. Et parce que nous n’avions aucune expérience, les tactiques qu’ils ont employé pour nous diviser ont fonctionné. Sans compter les médias qui essayaient de toucher les cœurs et les esprits de la communauté noire et blanche, avec des messages du type : « Éloignez-vous de ces gens. Ne les soutenez pas. Ce sont des terroristes ! ». La situation du Hamas et du Hezbollah est différente parce qu’ils peuvent se battre de plusieurs façons, ils ont connu des hauts et des bas à travers deux décennies. Je pense que cela les aide en un sens à être prêts pour développer une forme d’organisation novatrice. Nous n’étions pas capable de faire cela. Mais les succès du Hezbollah et du Hamas nous enseignent beaucoup de chose. Nous réfléchissons à ce que nous devrions faire pour recréer un mouvement aussi déterminé.
Dans la tête de beaucoup d’occidentaux, le clash des civilisations, opposant les civilisations judéo-chrétienne et arabo-musulmane, est une réalité, un antagonisme inéluctable. Pensez-vous que l’histoire de la lutte des Afro-américains, aussi bien celle du SCLC chrétien de Martin Luther King que de la Nation of Islam de Malcom X, pourrait servir à réconcilier la société états-unienne avec l’islam ?
Ashanti Alston : C’est une bonne question ! Les musulmans sont principalement des noirs aux États-Unis et les noirs forment un très grande communauté. Cependant, la plupart d’entre nous sont toujours chrétiens. Je pense que le problème de la peur de l’islam aujourd’hui aux États-Unis vient définitivement de la Nation of Islam, et l’autre part vient du fait que beaucoup de jeunes ont été à l’étranger apprendre un islam « de première main », très rigoriste… Mais aujourd’hui, les gens doivent savoir que les musulmans ne sont pas différents des chrétiens, des bouddhistes, des athées… que ce sont des gens comme les autres qui aspirent à la dignité. Aujourd’hui, dans la communauté noire, il y a un fort potentiel de réconciliation des deux religions. Plus nous protesterons et lutterons ensemble, plus nous aurons de respect les uns pour les autres. De plus, les gens ont des modèles communs où ils peuvent se sentir exister, pas seulement dans le combat révolutionnaire mais aussi dans la fierté de vivre ensemble. Il y a l’exemple de Mohamed Ali et d’autres figures de l’islam qui ont apporté leur soutien à la communauté noire. Avec les deux exemples de Martin Luther King et de Malcom X, cela pourrait être sans doute plus facile chez les afro-américains que dans n’importe quelle autre communauté aux États-Unis de réconcilier le christianisme et l’islam, parce que les deux religions ont joué un rôle significatif ici. Nous pouvons être un modèle pour les autres communautés aux États-Unis.

Ossama LotfyLes articles de cet auteur Envoyer un message
Propos recueillis par Ossama Lotfy

[1] À lire : Panthères noires : Histoire du Black Panther Party, par Tom Van Eersel. Un des rares ouvrage disponibles en français sur le sujet.
[2] The Autobiography of Malcom X, Halex Haley et Malcom X, Research & Education Association, 1966.
[3] « Black Power » dont la traduction littérale est « Pouvoir noir ». La paternité du concept revient à Robert F. William, un écrivain et dirigeant noir de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP). Mais les premiers à avoir utiliser le slogan publiquement ont été Willie Ricks et Stockely Carmichael, les deux étant des organisateurs et des portes paroles du Student Nonviolent Coordinating Comitee (SNAAC). Stockely Carmichael est connu pour avoir milité au côté du mouvement des droits civils. Mais il se désolidarisa peu à peu du mouvement « non-violent » de Martin Luther King pour rejoindre le Black Panther Party. Il en devint le « Premier ministre honorifique ». À l’image du désaccord qui existait au sein du mouvement national noir sur les moyens à utiliser —violence ou non-violence— et les buts recherchés —intégration ou séparatisme— pour la libération de la communauté noire, l’ambiguïté du slogan créa la polémique. Sa traduction exacte serait : « Du pouvoir (socio-économique) pour les noirs ». Cependant, il pouvait être compris comme « Le pouvoir aux noirs » par les racistes de tous bords. C’est une des raisons pour laquelle Martin Luther King refusa toujours d’en faire le slogan du mouvement pour les droits civiques.
[4] Martin Luther King, Autobiographie. Textes réunis par Clayborne Carson. (Bayard).
[5] Les Damnés de la Terre, par Frantz Fanon. Ouvrage de référence pour les Black Panthers de l’époque et les anti-colonialistes encore aujourd’hui.
[6] La Contre-culture. États-Unis années 60, Naissance de nouvelles utopies par Christiane Saint-Jean-Paulin, Éditions Autrement.
[7] Les programme du Black Panther Party, rédigé en octobre 1966 par les deux fondateurs du party : Huey P.Newton et Bobby Seale. Ce que nous voulons, en quoi nous croyons, en 10 points. Voir : Panthères noires : Histoire du Black Panther Party, Tom Van Eersel.
[8] Plus d’un million de noirs sont incarcérés aux États-Unis sous des motifs pénaux divers. Dans la pratique, ils sont astreints au travail forcé. Cette main d’œuvre est devenue indispensable au fonctionnement de l’économie états-unienne.[9] Pour plus d’informations sur l’anarchisme noir, consulter le site d’Ashanti Alston, http://www.anarchistpanthers.net/.

mardi 2 octobre 2007

Quatrième anniversaire de l'Occupation en Iraq

Quatre ans déjà...1.000.000 de victimes, et bon anniversaire !!

L'étrange rôle du Gouvernement US

Le Gouvernement US et de ses affidiés, BlackWaters et autres, seraient-ils liés à l'insécurité catastrophique qui règne en Iraq ?